Conseil lecture : Le Ministère de l’Injustice. Une interview exclusive des auteurs par Céline Parisot, présidente de l’USM, et Ludovic Friat, secrétaire général
La lecture passionnante du Ministère de l’Injustice nous a intrigués. Très bien documenté, cet ouvrage à trois plumes alterne entre la justice du quotidien et ses coulisses. Dans cette justice de l’ombre, on découvre le dessous des cartes, les petits arrangements avec l’indépendance de la justice et le cynisme assumé de certaines personnalités politiques comme de ceux qui les conseillent.
Nous avons cherché à en savoir plus en interrogeant directement les auteurs qui signent leur troisième livre en commun (après Mimi et La Poudrière, publiés chez Grasset respectivement en 2018 et 2021). Pour cette interview à front renversé, Ludovic Friat et Céline Parisot ont rencontré Marc Leplongeon et Pauline Guéna (Jean-Michel Decugis n’a pas pu nous rejoindre). Extraits.
Marc Leplongeon : « nous nous entendons très bien et sommes très complémentaires : Jean-Michel est un enquêteur hors pair, Pauline a une très belle plume et nous aide à mettre de l’ordre dans nos idées, elle sait aller à l’essentiel »
Pauline Guéna : « Marc connait très bien les procédures judiciaires et peut repérer une information essentielle dans un magma de documents ou un entretien de 5 heures. »
Marc Leplongeon : « tout ce qui est écrit est documenté. Le plus surprenant est l’ampleur des remontées d’informations. On travaillait dessus depuis longtemps mais on était bien loin d’imaginer que tout remonte non seulement au cabinet du ministre mais aussi à l’Elysée et tout les intéresse dans des proportions terrifiantes. Les remontées d’informations portent sur tous les projets, le sens et l’orientation des enquêtes, avec des renseignements très précis. »
Pauline Guéna : « j’ai écrit les chapitres en immersion dans les juridictions en essayant de créer un contraste entre deux justices : celle des affaires et celle du quotidien. En racontant cette course contre la montre permanente, j’ai voulu mettre en lumière des magistrats qui ne sont pas des héros, des gens modestes et des histoires de vie auxquels consacrer 20 minutes apparaît tellement dérisoire. On a l’impression d’être face à une montagne avec de tous petits moyens pour la gravir ».
Marc Leplongeon : « il est difficile d’intéresser le grand public à l’instrumentalisation des affaires politiques, qui est perçue comme un sujet technique, d’initiés. Pour le lancement de ce livre, nous avons en plus rencontré un problème de timing puisqu’il a coïncidé avec le début de la guerre en Ukraine. »