Outre nos posts sur les réseaux sociaux, Cécile Mamelin, vice-présidente de l’USM, a assisté pour l’USM à hommage rendu à Robert Badinter au ministère de la justice. Elle partage ici ce moment.
« Tu as fait ce que tu as pu, entre »
C’est sur ces mots d’une profonde humilité de Robert Badinter répondant à Bernard Pivot que s’est achevée la première partie de la cérémonie : un diaporama retraçant la vie et les combats de cet homme de droit entré dans l’histoire de France.
Ce 14 février, un hommage national était rendu place Vendôme, siège du ministère de la Justice, par la nation tout entière, en présence du Président de la République, Emmanuel Macron, du monde politique, judiciaire et médiatique (journalistes et acteurs) ; présente au nom de l’USM, j’ai été submergée d’émotion lorsque les applaudissements spontanés de la foule des anonymes présents se sont élevés à l’arrivée du cercueil de celui qui fut un rempart et un guide pour la Justice et les droits humains. La cérémonie fut digne, sobre, vibrante, à l’image de ce grand homme qui nous a quittés, et qui laisse orphelines des générations de juristes, avocats et magistrats.
L’unanimité des témoignages depuis le décès de Robert Badinter fait honneur à la nation rassemblée : voir partir l’un de ses plus illustres sages, une conscience ainsi que l’a déclaré l’ancien procureur général près la Cour de cassation, François Molins, est un événement douloureux, mais qui m’a rappelé que sans lui, jamais je ne serais devenue magistrate. J’ose vous le confier, si l’abolition de la peine de mort n’avait pas été votée dans notre pays en 1981, je n’aurais jamais embrassé cette carrière avec le risque de devoir participer un jour à cette œuvre de mort : « une justice qui tue » ! Lors de cet hommage, me revenait à l’esprit à quel point il avait, à l’époque, été honni, trainé dans la boue, pour avoir mené à son terme ce combat d’une vie. C’est l’honneur des grands hommes de changer les mentalités et d’œuvrer parfois à contrecourant.
Pour terminer sur une note souriante, je ne vous cache pas que mon côté « midinette » a été comblé ce jour-là, tant il est vrai que voir autant de personnes illustres sur un aussi petit espace est une occasion assez rare dans une vie ; je suis surtout heureuse d’avoir pu partager mon émotion avec les collègues présents et d’avoir contribué à saluer un humaniste qui va nous manquer terriblement : il était l’un des seuls à défendre notre institution, car il savait, pour en avoir payé le prix fort, que sans une justice forte et indépendante, un pays n’est jamais une démocratie.
Monsieur Badinter, non seulement vous avez fait ce que vous avez pu, mais vous en avez fait tellement plus !